LES PRODUITS LAITIERS EN FORTE TENSION
CRISE DU BEURRE : LA PRODUCTION LAITIÈRE EUROPÉENNE SOUS PRESSION :
La production laitière en Europe continue de faire face à des tensions croissantes, notamment en raison de la propagation de la fièvre catarrhale du mouton, qui touche désormais également les vaches dans le nord de l'Europe. En France, cette maladie commence à se répandre dans les élevages bovins de l'Est, aggravant la situation.
De l’autre côté de l’Atlantique, les États-Unis sont également frappés de plein fouet par cette fièvre, ce qui a poussé le pays à intensifier ses importations de beurre en provenance d’Irlande. Cette situation crée une pression supplémentaire sur le marché européen, d’autant plus que l’Irlande elle-même rencontre des difficultés dans la collecte de lait.
En parallèle, les industriels européens réorientent leurs productions vers des produits plus lucratifs, tels que les fromages et les crèmes, très prisés sur les marchés. Cela se fait au détriment de la production de beurre, dont les stocks s’amenuisent rapidement. La raréfaction de la matière grasse laitière risque de provoquer des contingentements et une flambée des prix. Le marché du beurre, déjà sujet à la spéculation, devient ainsi de plus en plus volatile.
Cette crise n’épargnera pas les secteurs qui dépendent du beurre dans leurs processus de production, notamment les industriels de la boulangerie-pâtisserie, qui seront directement impactés par cette hausse des prix et la possible pénurie de matière première. La situation appelle à une vigilance accrue sur l'évolution des prix dans les mois à venir.
TENSIONS SUR LE MARCHÉ DES CRÈMES : QUALITÉ DU LAIT ET FLAMBÉE DES PRIX :
La filière laitière européenne fait face à une crise similaire à celle qui touche le beurre, aggravée par une dégradation notable de la qualité du lait. Cette situation contraint les industriels produisant de la crème UHT à se tourner vers le marché spot pour s’approvisionner en matière grasse, où les prix ne cessent de s'envoler.
Depuis cet été, des augmentations marquées ont été observées sur le marché des crèmes en provenance de l’Union Européenne. Cette tendance devrait se renforcer d'ici la fin de l'année, alimentée par des tensions sur la disponibilité de la matière première.
Face à cette situation, il est vivement recommandé de privilégier des approvisionnements en crème d’origine France dans les semaines à venir, afin de mieux gérer les risques liés aux hausses de prix et aux difficultés d'approvisionnement.
FRUITS ROUGES
CRISE DES PETITS FRUITS EN EUROPE DE L'EST : LA MÉTÉO ET LES MALADIES FONT FLAMBER LES PRIX :
Les mauvaises conditions météorologiques dans les pays de l'Est, comme la Serbie, l'Ukraine et la Pologne, ont lourdement affecté les récoltes de petits fruits cette année. Le gel printanier, suivi par des vagues de chaleur estivales, a compromis une grande partie des productions, entraînant une flambée des prix et une baisse des volumes disponibles.
Pour la framboise, la grêle et le gel ont empêché les premières cueillettes de l'année, entraînant une chute de rendement de 40% par rapport à l'année précédente, aggravée par l'apparition de maladies.
La situation du cassis en Pologne est particulièrement alarmante. Le gel et la grêle ont détruit une grande partie des arbustes, rendant la récolte catastrophique. Le prix du cassis a plus que doublé cette année par rapport à 2023.
La griotte subit également une forte augmentation des prix, conséquence directe des conditions climatiques défavorables qui ont endommagé les fleurs et les jeunes fruits. La production a chuté de 25 à 30%.
En Serbie, les griottiers ont en plus été touchés par des maladies fongiques et des attaques d'insectes, réduisant davantage les volumes disponibles.
En ce qui concerne la rhubarbe, les récoltes en France et en Pologne ont été particulièrement mauvaises. Le peu de volume disponible a été rapidement réservé par l'Allemagne, grand consommateur de ce fruit. Cette année, les références françaises en rhubarbe haute valeur environnementale (HVE) seront limitées. Pour pallier cette situation, une nouvelle ligne d'approvisionnement en rhubarbe d'origine polonaise a été ouverte afin d'assurer une continuité des livraisons tout au long de l'année.
Cette conjoncture difficile pousse les producteurs et les acheteurs à revoir leurs stratégies d'approvisionnement face à une offre qui diminue drastiquement.
TARIFS MARITIMES 2024
FLAMBÉE DES PRIX DU TRANSPORT MARITIME EN 2024 : LA MER ROUGE ET LA CRISE DES CONTENEURS :
Contre toutes les prévisions des experts, 2024 s'impose comme une nouvelle année de hausse spectaculaire des coûts de transport maritime. Bien que les prix actuels ne soient pas aussi élevés que ceux atteints pendant la pandémie, ils flirtent néanmoins avec les 10000$ pour un conteneur de quarante pieds au départ de l’Asie.
L’une des causes principales de cette situation est le conflit mené par les Houthis pro-iraniens contre les navires marchands en Mer Rouge. Cette zone stratégique, par laquelle transite environ 12% du commerce mondial, est devenue trop risquée pour de nombreuses compagnies maritimes.
En conséquence, celles-ci préfèrent contourner l’Afrique par le Cap de Bonne-Espérance, rallongeant les trajets de 2 à 3 semaines et augmentant les coûts d'exploitation, notamment en carburant.
Cet allongement du temps de transit, ajouté à la congestion des ports européens et à l'anticipation de la haute saison, a conduit à un déséquilibre marqué entre l’offre et la demande.
La rareté de l’équipement en Asie et la pression croissante sur les tarifs en sont les résultats immédiats.
Certaines compagnies de transport ont même opté pour des traversées sans escale, générant des "blank sailings", une pratique qui consiste à éviter certains ports pour limiter les retards.
Dans ce contexte, négocier les tarifs est devenu un véritable défi, en particulier lorsqu'il est crucial d'expédier des marchandises pour éviter les ruptures de stock. Que l'on achète en spot ou sous contrat, les tarifs s’envolent, laissant peu de marge de manœuvre pour la discussion.
Cependant, il existe des signes d'un rééquilibrage à venir. Avec l’arrivée de nouveaux navires augmentant les capacités de chargement et la demande mondiale qui devrait se stabiliser d'ici la fin de l’année (après la Golden Week en octobre), les experts anticipent une baisse progressive des prix jusqu’au premier trimestre 2025. Néanmoins, les tarifs ne devraient pas retrouver les niveaux d’avant crise.
Pour rappel, à la fin de 2023, les coûts pour un trajet Asie/Europe étaient tombés en dessous de 2000$.
Ainsi, bien que la situation soit tendue, une amélioration est attendue à moyen terme, offrant une lueur d’espoir aux acteurs du commerce international.
LE COURS DU CACAO
LES PRIX RESTENT ÉLEVÉS MALGRÉ UNE BAISSE TEMPORAIRE, DES HAUSSES À PRÉVOIR EN 2024 ET 2025
Après avoir atteint un pic à plus de 12000$ la tonne en avril, le cours du cacao a connu une légère baisse en mai, mais il reste à des niveaux historiquement élevés.
La tension sur le marché mondial du cacao demeure palpable, et les perspectives ne laissent entrevoir aucune amélioration à court terme.
Malgré ces pressions, certaines demandes de revalorisations tarifaires ont pu être temporairement décalées. Toutefois, les fournisseurs se montrent de plus en plus intransigeants, évoquant même la possibilité de contingentement si la situation persiste.
Les négociations actuelles confirment que des hausses tarifaires sont à prévoir pour la fin de l’année 2024 ainsi que pour le premier trimestre 2025.
Les entreprises devront donc s’adapter à ces nouvelles réalités de marché dans un contexte où l’offre peine à suivre la demande croissante en cacao.
